La baisse des taux d’intérêt génère, sans surprise, un impact sur les résultats des entreprises du secteur de l’assurance. Mais les estimations restent modérées. Ainsi, par exemple, Axa, l’un des leaders européens, table, au titre des 5 prochaines années, sur une réduction de – 5 % de son résultat, si les taux restent à leurs niveaux actuels et de - 1 % s’ils remontent graduellement.
Pourquoi un impact négatif limité de la baisse des taux ? Parce qu’il devrait être plus que compensé par les mesures prises par les acteurs : économies de coûts, croissance des revenus (plus de ventes de contrats plus rémunérateurs comme l’assurance vie en unités de compte et plus de vente de contrats santé–prévoyance), fusions-acquisitions… Leurs résultats devraient donc continuer de progresser.
Les défis du secteur sont ailleurs
Les plus grandes compagnies sont celles qui seront à même de relever ces défis car les plus à même de développer une expertise sur ces nouveaux foyers de rentabilité.
Ce sont surtout les domaines de l’assurance santé et automobile qui devront faire face à ces nouveaux défis. Et nous identifions deux types d’enjeux :
D’abord, ils devront assurer de nouveaux risques. Ainsi en assurance automobile, le développement du véhicule autonome engendre une transformation de l’assurance de l’individu vers une assurance d’entreprise (assurance du constructeur automobile, du fournisseur de données…) ; les nouveaux usages de l’économie de partage (automobile, habitation…) poussent les assureurs à proposer de nouveaux types de polices d’assurances ; le développement de la cyber-assurance est aussi une tendance de fond.
Le Big Data ensuite peut entraîner une baisse des prix des polices d’assurance du fait d’un changement de la tarification des risques. Prenons encore l’exemple de l’automobile : le « Payez selon votre conduite » ou « Pay as you drive » incite les conducteurs à conduire mieux et fait baisser le montant de leurs primes payées. Le processus est le même en assurance santé avec des programmes de coaching sportif et même en assurance habitation avec des objets connectés comme la vidéo-surveillance. Mais dans le même temps, le Big Data va permettre aux assureurs de vendre des nouveaux services comme par exemple en assurance santé les objets connectés utiles pour un suivi médical. De manière générale, les assureurs proposeront des produits et services plus adaptés aux clients grâce à l’analyse plus détaillée qu’ils feront de nos données. A noter également que le Big Data en offrant une meilleure détection des fraudes devrait être un autre facteur supplémentaire d’amélioration de la rentabilité des assureurs.
Alors qu’attendre de leur rentabilité ?
Mesurée par le ROE (Return on Equity), la rentabilité des assureurs s’est fortement réduite par rapport au niveau antérieur à la crise de 2008 : de l’ordre de 17 %, elle est tombée à environ 9 % - 10 % pour les principaux assureurs européens. Elle baisse en partie à cause de revenus financiers plus faibles lié à la baisse des taux d’intérêt, on y revient, les niveaux de taux sur les marchés comparés aux taux garantis des contrats d’assurance-vie rendant difficile la création de marge bénéficiaire. Mais aussi, cette réduction résulte en partie de la montée de la valeur des fonds propres nécessaire pour répondre aux exigences réglementaires (ratio de solvabilité 2).
Le niveau de valorisation est un soutien pour les cours des valeurs du secteur
Les assureurs-vie ont la capacité d’absorber une éventuelle remontée graduelle des taux. La loi Sapin2 votée en septembre a pour objectif de protéger les épargnants. En effet, elle prévoit la possibilité de bloquer des retraits de sommes placées en assurance-vie en cas de remontée brutale des taux d’intérêt. Elle a pour but d’éviter que les épargnants ne soient lésés si l’assureur ne peut plus faire face à leurs demandes de retraits.
La croissance et la rentabilité offertes par les assureurs sont correctes. Le secteur traite sur un multiple de PE (price earning) 2017 inférieur à 10 fois pour un rendement dividende proche de 6 %. Dans ce contexte, nous conservons une certaine neutralité sur le secteur, tout en profitant des opportunités sur certains titres que nous choisissons avec soin.
Sandrine Hallopeau, directrice de la recherche