Que s’est-il passé sur le front des publications trimestrielles ? Elles ont surpris positivement. La progression des bénéfices par action (BPA) (+ 7,7 %) des entreprises européennes au 3e trimestre a même conduit les analystes à revoir à la hausse leurs prévisions de résultats pour l’ensemble de l’année 2016. Et pour cause, elle n’avait pas été aussi forte depuis le 4e trimestre 2015 !
Que s’est-il passé entre juillet et septembre ? Les marges ont été meilleures qu’attendues, grâce à de nouvelles réductions de coûts et à la baisse des coûts des matières premières.
Ainsi, ce sont 57 % des sociétés du Stoxx Europe 600 (un indice boursier calculé à partir des 600 premières capitalisations dans 17 pays européens) qui ont dépassé les attentes des analyses en matière de BPA.
En détail, le secteur des valeurs financières remporte la palme de la meilleure surprise : - 3,4 % quand le consensus attendait… - 36 % ! Les banques ont en effet profité d’anticipations de repentification de la courbe des taux, favorable à leurs marges d’intérêt et d’une activité de trading soutenue sur les marchés de crédit, de change et de taux.
Les trois plus importants contributeurs sont les secteurs automobile (+ 14,5 %, grâce notamment à la bonne tenue des ventes aussi bien en Europe qu’en Asie), basic resources et santé.
Qui est en queue de peloton ? Le secteur de l’énergie avec la plus forte « croissance négative » : - 28 % (pour un consensus qui attendait - 36 %). Et il entraine « naturellement » dans son sillage certains segments de celui des biens d’équipement. Celui-ci doit son retour en territoire positif (+ 1,6 % ce trimestre) aux activités électriques qui ont tiré la croissance organique de l’ensemble du secteur.
Dans ce climat plutôt positif, les publications décevantes ont été lourdement sanctionnées par les investisseurs. D’autant plus violemment que les « mauvais élèves » appartenaient à des secteurs défensifs de rendement ou à des secteurs endettés. A contrario, les banques et assurances ont eu une très bonne performance grâce à leur corrélation à la repentification de la courbe des taux d’intérêt mais aussi grâce à la publication de meilleurs résultats.
Pour l’ensemble de l’année 2016, l’heure est donc aux révisions à la hausse des croissances de BPA. D’après Factset, société d’analyse financière référente en matière de compilation des résultats anticipés par les analystes, la hausse serait de + 2,7 % pour le Stoxx Europe 600 et + 6,9 % pour le DJ Euro Stoxx. Le consensus a été largement révisé à la hausse pour les secteurs des financières et des basic resources. A l’autre bout du spectre, les plus fortes révisions à la baisse touchent l’énergie et les biens d’équipement.
Cette analyse des BPA par secteur est intéressante, pour nous gérants, pour sélectionner les actions qui ont le plus de potentiel. Mais ils sont loin d’être les seuls indicateurs de la santé des entreprises. Et ce 3e trimestre en témoigne : si ces dernières parviennent à améliorer leurs résultats, elles n’arrivent pas, dans l’ensemble, à afficher une croissance de leurs chiffres d’affaires. Les données sur l’activité sont même plutôt décevantes : sur l’ensemble de l’année, le chiffre d’affaires des 600 entreprises de l’indice est attendu en baisse : - 0,8 %.
Quid de 2017 ? Toujours d’après Factset, le chiffre d’affaires anticipé pour 2017 devrait progresser de 5,3 %, grâce à un rebond du secteur de l’énergie. Les BPA sont, quant à eux, attendus en hausse de 12,5 %, tirés par les basic resources. Mais ne nous y trompons pas ! Depuis 5 ans, c’est tous les ans le même scénario : en début d’année, les analystes font montre d’un optimisme récurrent : + 10 % à + 15 % (+ 13 % début 2016). Et au fil des mois, les révisions à la baisse s’enchaînent… Ceci témoigne de la complexité de cet exercice, indispensable et quotidien, pour tout gérant-analyste : se forger une opinion sur la valeur d’une entreprise !
Sandrine Hallopeau, directrice de la Recherche de VEGA Investment Managers