Spécial bilan 2016 & perspectives 2017
#CroissanceAméricaineEnVedette
L’économie mondiale poursuit sa légère accélération, selon les données macroéconomiques publiées ces derniers mois. Mais les évolutions entre les zones géographiques paraissent modifiées, en comparaison des trimestres précédents. En Europe, les prévisions « officielles » (commission européenne, projet de loi de Finances français) tablent, comme en 2016, sur une croissance d’environ 1,5 %. Une stabilité qui n’est cependant qu’apparente ! En effet, les facteurs conjoncturels à l’oeuvre en 2015 et 2016 (baisse des taux d’intérêt et des prix des matières premières, en premier lieu du pétrole) et qui ont contribué pour 0,5 % à la croissance 2016, n’existeront plus… A cela s’ajoute les conséquences à venir (lire notre zoom page 3) des échéances politiques comme le Brexit. Il nous semble donc que la croissance ne sera pas un catalyseur positif pour la zone euro, même si les publications de résultats 2017 s’avèrent, in fine, supérieures aux prévisions. Aux États-Unis, notre analyse des dernières années s’est avérée pertinente : la durée du cycle de croissance (sept ans en 2016) n’est pas synonyme de récession imminente ! Ceci s’explique notamment par une répartition entre salaire et capital, favorable au second, et ce dans un univers de faible progression des salaires. A en croire le candidat Trump, la stratégie 2017 sera une politique de l’offre, centrée sur une baisse des impôts, et de manière plus aléatoire, une politique de relance des infrastructures, dont les élus républicains pourraient limiter l’ampleur. Ainsi, le cycle économique américain sera prolongé d’au moins une année. A l’inverse des deux années qui viennent de s’écouler, la croissance américaine sera donc nettement supérieure à son homologue européenne.
Dans les pays émergents, la croissance devrait s’accélérer en 2017, notamment en Chine où d’importantes échéances électorales en octobre militeront pour la poursuite d’une politique de relance amorcée cette année.
#NouvellePerceptionPolitique
Bien sûr, le scénario économique reste essentiel à nos analyses, mais en 2017, il nous semble qu’il ne constituera pas l’élément central sur lequel se concentreront les anticipations des investisseurs. Marchés de taux d’intérêt, et dans une moindre mesure des changes, focaliseront désormais l’attention. Selon nous, la stabilité des marchés en 2016 tient à une sorte d’accoutumance des investisseurs à un risque politique permanent ; le résultat du référendum italien le 4 décembre l’a confirmée.
#InflationLeRetour
Finies les craintes d’une spirale déflationniste, c’est désormais le spectre d’une reprise de l’inflation qu’évoquent les marchés. Sans délais puisque nous venons juste de quitter la zone « dangereuse » et qu’en Europe, le cercle hausse des prix/hausse des salaires n’est absolument pas enclenché. Or, sans un nouveau doublement du prix de l’or noir (très improbable au regard de la nouvelle technologie d’extraction des gaz de schiste aux États-Unis), l’inflation atteindra son point haut au 1er trimestre 2017. Parallèlement, les banques centrales (notamment la BCE et la BoJ) ne changeront
pas radicalement leurs politiques actuelles, leur objectif étant de maintenir des conditions de financement favorables vis-à-vis des États qui ne sont pas parvenus à se désendetter. Un statu quo qui présage d’un maintien durable des taux à des niveaux inférieurs à ceux de la croissance potentielle (leur pilotage ne permettra pas d’enclencher un rebond de la croissance qui nécessiterait d’y associer une relance budgétaire).
#ChangesÀSuivre
Malgré un différentiel à la fois de politique et d’écartement des taux US-Allemagne, une tendance haussière sur le dollar ne se remet pas en place. Nous observons simplement un décalage de la fourchette de fluctuation des cours. Sur les marchés émergents, nous restons attentifs pour opérer un
éventuel retour si notamment Donald Trump annonce une mesure fiscale favorable au rapatriement aux États-Unis des avoirs des entreprises américaines logés à l’étranger (estimés à 2 500 milliards de dollars).
#PolitiqueÀHautRisque
A l’approche des élections présidentielles européennes, nous suivrons particulièrement le risque politique en Europe. En effet, les « surprises » des élections en 2016 (Brexit, Pays-Bas, Autriche…) ont incité les investisseurs anglo-saxons à déserter les marchés européens depuis plusieurs mois. Rappelons toutefois que les marchés apprécient en réalité les points d’inflexion historiques sur les politiques mises en oeuvre dans les pays. Alors que la France représentait un risque politique aux yeux des investisseurs, une élection prochaine conduisant à une politique d’amélioration des marges des entreprises devrait dès lors conduire à une surperformance du marché français.
Jean-Jacques Friedman, directeur des investissements