Même s’il n’a pas eu un impact majeur sur les marchés, le Brexit aura été le grand sujet du mois de mars. L’échéance initiale du 29 mars n’aura pas permis de sortir de la confusion ambiante dans la mesure où, après plus de deux années de négociations, l’accord obtenu par Theresa May n’est pas parvenu à réunir une majorité parlementaire en dépit de 3 votes sur le texte. À contrario, le parlement britannique n’a pas non plus dégagé de majorité en faveur d’une des options alternatives proposées, y compris celle d’un « hard brexit », sortie sans accord dont la date limite est désormais fixée au 12 avril. À ce stade, l’hypothèse retenue par les marchés est celle d’un report plus ou moins long et la participation du Royaume-Uni aux élections européennes du mois de mai.
Plus fondamentalement, la Banque centrale européenne a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour cette année, à 1,1 % contre 1,7 % prévue initialement, soit 0,6 point de moins. En conséquence, l’institution monétaire repousse à « au moins la fin de cette année » la remontée de ses taux d'intérêt. Une décision surprenante pour les observateurs, qui prévoyaient plutôt un statu quo sur les taux avec un premier relèvement jusque-là attendu pour « l'été 2019 ».
Dans ce contexte, la normalisation des taux d’intérêt est remise à plus tard, notamment en zone euro, alors que le Bund 10 ans est repassé en territoire négatif pour finir le mois à - 0,07 %.
Ce mouvement de baisse des taux était encore accentué par la publication des indicateurs d’activité en Europe, signalant une contraction dans l’industrie, plus particulièrement marquée en Allemagne. Depuis plusieurs mois, l’industrie automobile allemande fait face à des difficultés d’adaptation aux nouvelles normes antipollution et à une contraction de la demande. Malgré cela, la perspective d’un accord sino-américain sur la guerre commerciale maintenait la dynamique positive constatée sur les marchés depuis le début de l’année.
Le CAC 40 s’adjuge plus de 2 % sur le mois contre un peu moins de 2 % pour l’EuroStoxx 50 et le S&P 500. Les marchés émergents ressortent en retrait sur le mois, limité à moins de 1 %. Sur l’ensemble du trimestre, les marchés européens et américains affichent des progressions comprises entre 12 % et 14 %. Le marché des obligations privées progresse également très significativement, le spread moyen du segment Investment Grade européen se resserrant de 90bp à 60bp sur le trimestre.
Jérôme Tavernier, Directeur de la Gestion Directe